Trente à quarante mètres de fin cylindre d’acier traversent et reconfigurent l’espace. Différents tracés de lignes et de courbes, autant de territoires aériens, implacables, parcourus par soixante kilos de masse féminine vivante
Trente à quarante mètres de fin cylindre d’acier traversent et reconfigurent l’espace. Différents tracés de lignes et de courbes, autant de territoires aériens, implacables, parcourus par soixante kilos de masse féminine vivante
Alors que je préparais une performance au CENTQUATRE-Paris, avec le peintre avec le peintre Giom Bruère, nous parlions du format. Giom proposa de travailler sur une grande toile. Nous trouvions que cinq mètres ce serait bien. J’ai souhaité m’aligner et j’ai mis en place une ligne de cinq mètres également.
Plus tard, alors que j’étais associée au Manège de Reims et que je préparais La Ligne (première phase d’Aléas), j’ai suivi cette même logique graphique : considérant le volume de la grande salle du Manège j’ai dessiné une ligne traversante et courbe. Une longueur de trente-cinq mètres.
L’extrême contrainte que représente un tel trajet m’a permis de résolument évincer la question « chorégraphique », celle qui consiste à se poser des questions de forme, de rythme et d’esthétique pour n’avoir comme boussole que l’unique objectif d’arriver au bout, vivante.
C’est là que je laissais mon passé d’ancienne trapéziste et devenais enfin une apprentie guenon. J’ai cherché la voie de la nécessité, le mouvement juste, procédant par soustraction du vouloir. M’affranchissant peu à peu de la question du rendu, j’allais jusqu’à consentir à ce que ce soit ennuyant, « toujours pareil », si c’était cela que la traversée requérait. Je me demandais, non sans un peu de malice, s’il était possible de s’ennuyer en regardant quelqu’un passer à six mètres de haut, au-dessus de soi et chercher doucement à s’en sortir ? Acceptant cette éventualité qui me propulsait littéralement « hors du spectacle » et n’en connaissant pas encore l’anagramme (« La chute des corps », merci à Etienne Klein et Jacques Perry Salkow), je me libérais de certaines contraintes, au profit, certes d’autres et non des moindres, mais elles étaient nouvelles et je les avais choisies.
Pour finir cette ligne m’est apparue comme un dessin de la ligne du temps, sur laquelle j’éprouvais différemment mon poids et ma masse en fonction de mon énergie. Suffisamment de données physiques étaient réunies pour que prenne contact avec Etienne Klein afin d’approfondir le vide abyssal de certaines questions. Une petite causerie s’est dessinée au bout de la ligne. Michel Schweizer m’a aidée à me souvenir que peu après mes premières suspensions j’apprenais déjà à parler. Que ce type de partage était donc possible.
Conception, réalisation Chloé Moglia
Création lumière Eric Blosse
Création son Johann Loiseau
Conception technique Max Potiron & régie générale
Construction Silvain Ohl et Max Potiron
Costumes Myriam Rault
Merci à Michel Schweizer
Production Lucie Vignal, Marie Chénard et Mélissa Guey
Diffusion Florence Bourgeon
Presse Plan Bey
Production Rhizome (2013)
Coproductions EPCC Le Quai – Angers ;nLa Villette – Paris ; Le CENTQUATRE – Paris ; Le Manège de Reims, scène nationale ; Le Merlan, scène nationale à Marseille ; Le Prato, Pôle national des arts du cirque à Lille / Le Plôt Lille-Tournai ; Le Sirque Pôle national des arts du cirque de Nexon en Limousin ; MA scène nationale – Pays de Montbéliard ; Pôle cirque Méditerranée : CREAC de Marseille ; Théâtre de l’Agora, scène nationale d’Evry et de l’Essonne ; Théâtre Le Grand Logis ; Théâtre National de Bretagne, Rennes
Soutiens Ministère de la Culture et de la communication : DRAC Bretagne & DGCA, Conseil Général Essonne, Conseil Général du Finistère, ADAMI au titre de l’aide au projet, Spectacle Vivant en Bretagne au titre de l’aide à la diffusion
Remerciements Laurence Edelin